La maison de la famille Kumagai, Bien culturel national important du Japon
Les CIR ont tout d’abord visité la maison de la famille Kumagai. Il s’agit d’une résidence qui s’étend sur environ 1500m² et qui appartenait à un marchand influent de l’époque Edo (1603-1868). Sur son site de grande envergure, cette maison privée à l’architecture traditionnelle japonaise comprend la résidence principale et 5 anciens entrepôts et granges. Elle a été inscrite au Patrimoine culturel important du Japon en 1998 et est ouverte au public depuis 2006.
Les Kumagai étaient la famille la plus importante de marchands à Iwami Ginzan et couvraient plusieurs secteurs tels que l’industrie minière, la finance et la confection de saké. Ils travaillaient aussi pour le gouvernement à l’époque Edo. Dans cette immense demeure, on ne dénombre pas moins de 30 salles qui témoignent des efforts fournis par la famille à l’époque. Il y a beaucoup de choses à découvrir à l’intérieur tel qu’un entrepôt souterrain caché à la vue de tous et accessible seulement en utilisant une échelle.
En plus de la visite générale, il est possible de s’essayer à la préparation du riz à la manière traditionnelle japonaise dans la cuisine de la résidence, en utilisant les kamado, les anciens fourneaux japonais. Les membres du groupe des coordinateurs des relations internationales de tous les pays ont pu, eux aussi, sans plus attendre, faire l’expérience des précieux kamado.
C’était beaucoup de travail pour les femmes au foyer à l’époque Edo...
Lorsque l’on arrive dans la cuisine de la résidence, on remarque tout de suite qu’il y a plusieurs imposants kamado qui sont alignés. On peut se demander pour des repas de combien de dizaines de personnes ces kamado étaient utilisés il y a 200 ans en arrière.
Les membres de l’équipe leur distribuent alors des tabliers dont les broderies ont été faites à la main, point par point, en leur disant :
« Portez bien ces tabliers et bandanas pour éviter de salir vos vêtements avec la suie provenant des kamado. »
Tous les participants ont mis leurs tabliers, se sont couverts les cheveux avec les bandeaux et étaient finalement prêts pour l’expérience.
« L’expérience kamado » reproduit à l’identique le processus de préparation du riz que les femmes japonaises utilisaient au quotidien à l’époque Edo.
Tout d’abord, on utilise le masu (récipient en bois) pour mesurer le riz. Ensuite, on rince le riz.
« Le secret pour un riz bien rincé, c’est surtout de le faire délicatement. Si on y met trop de force, cela va stresser le riz et il cuit mal. »
« Pour ce qui est de la quantité d’eau, à l’époque il n’y a avait pas de récipients gradués alors on se souvenait de l’endroit approximatif jusqu’où l’eau montait au niveau du bras quand on posait sa main sur le riz. »
Les participants ont écouté avec enthousiasme les sages conseils qui ont été transmis jusqu’à nos jours pour faire ressortir toute la saveur du riz lors de sa préparation.
Ils se sont ensuite essayés à la coupe du bois en attendant que le riz absorbe l’eau.
A l’époque Edo, une des tâches importantes était d’obtenir du combustible pour pouvoir allumer le feu nécessaire à la cuisson du riz.
Pour cela, il faut prendre une hache dans sa main dominante, tenir le morceau de bois de l’autre main et poser la lame de la hache au centre de la bûchette. En maintenant cette position, il faut ensuite soulever la bûchette et la taper d’un coup sec plusieurs fois contre le sol. De cette manière le morceau de bois se sépare en deux en suivant le fil du bois. Les participants ont relevé le défi tour à tour.
On a pu voir des sourires se dessiner sur leurs visages lorsqu’ils arrivaient à le couper nettement en deux.
Il faut ensuite mettre à brûler le bois que l’on vient de couper dans le kamado pour faire du feu. Les membres de l’équipe ont allumé le feu et d’un coup, une épaisse fumée blanche s’est élevée et répandue dans toute la cuisine venant piquer les yeux.
Immédiatement, on vérifie l’intensité du feu tout en le ravivant à l’aide d’un éventail tenu d’une main. Lorsque le feu semble un petit peu faible, on utilise un « fuigo », cylindre qui ressemble à une sarbacane, pour souffler dessus. A l’inverse, quand le feu est trop fort, on l’affaiblit en écrasant les morceaux de bois.
Dans un cas comme dans l’autre, jusqu’à ce que le riz soit cuit, on doit surveiller l’intensité du feu et il ne faut jamais s’en éloigner.
La fumée pique les yeux et quand on la respire, elle irrite la gorge. C’est bien plus dur que ce que l’on peut imaginer.
Une des coordinatrices des relations internationales dit inconsciemment :
« C’était une vraie corvée pour les femmes d’autrefois quand elles devaient préparer le riz tous les jours... »
Partie acharnée d’arrachage de pommes de terre
Il faut compter encore 30 à 40 minutes jusqu’à la cuisson complète du riz. Pendant ce temps, certains participants se remplacent auprès du feu pour continuer à éventer, et d’autres font l’expérience de l’arrachage des pommes de terre sur le terrain de la maison.
Une compétition d’arrachage de pomme de terre débute soudainement lorsqu’un membre de l’équipe lance :
« Allez, faisons le concours de celui qui aura trouvé la plus grosse pomme de terre ! »
Les coordinateurs des relations internationales, toujours en tablier, se sont tous mis à chercher dans le champ.
C’est le moment de la journée où les participants se sont le plus amusés et on pouvait entendre leurs voix enjouées venir de part et d’autre du champ :
« On dirait une chasse au trésor ! »
« Regarde ! J’ai déterré des pommes de terre jumelles ! »
« Je dois avoir un don pour arracher les pommes de terre ! »
« Dans ce champ, on utilise l’eau dans laquelle nous cuisons le riz et les cendres des kamado en tant qu’engrais naturels. De cette manière, quand on cuisait le riz à l’époque, c’était un processus qui n’émettait aucun déchet. »
« Il est préférable d’envelopper les pommes de terre, toujours avec la terre, dans un journal et de les déposer à côté d’un réfrigérateur. Même en hiver il fait un petit peu chaud à côté d’un réfrigérateur et on peut les conserver plus longtemps grâce à cette chaleur. »
Ensuite, on utilise les plantes sauvages qui poussent dans ce même jardin pour préparer du thé et le servir aux invités.Le thé aux herbes sauvages est composé des feuilles de 5 herbes différentes dont des feuilles de mûrier et de pistache marron.
Les CIR ont tous apporté leur gourde personnelle pour pouvoir déguster le thé des plantes sauvages avec leur onigiri (boulettes de riz) lorsque le riz sera prêt.
Découverte d’un riz aux reflets luisants
Pendant ce temps, le riz a fini de cuire. Après avoir éteint le feu et avoir laissé reposer le riz, on soulève le couvercle et..
« Waouh ! »
On découvre un riz brillant et soyeux après qu’un grand nuage de vapeur se soit dissipé.
Les voix des participants s’élèvent spontanément avec admiration.
« Tout à l’heure, on va utiliser une fois de plus un petit peu de magie pour rendre le riz encore meilleur. Pendant ce temps-là, nous allons vous faire visiter la résidence. »
Quelle sorte de magie peut-on bien utiliser pour rendre un riz déjà cuit encore meilleur ?
Exploration de l’intérieur de la demeure
Pendant que le personnel prépare l’atelier de confection d’onigiri à partir du riz que l’on vient de cuire, les CIR sont séparés en deux groupes et partent explorer la résidence.
Tout est l’expression des efforts de la famille Kumagai qui était puissante dans cette région à l’époque Edo que ce soit l’entrée surélevée dans le style des résidences de samouraïs, l’ancien « tiroir-caisse » dont on dit qu’il était utilisé comme balance pour peser l’argent ou encore le magnifique ranma, panneau en bois sculpté rappelant des ombres chinoises, installé sous le plafond de la salle de réception.
On retrouve dans les différentes pièces des objets d’époque tels que de la vaisselle, des habits comme des kimonos mais aussi les meubles et affaires que l’on préparait pour que les futures épouses s’installent dans leur nouvelle maison (commode, kimonos, futon, etc...). On peut admirer des objets qui sont exposés de façon à reproduire de la manière la plus fidèle possible la disposition de l’époque.
Les CIR ont tous écouté avec beaucoup d’intérêt les explications du guide pendant cette petite visite passionnante qui ressemblait à moitié à une expédition dans les plus ou moins grandes trentaines de pièces tout en montant et descendant les raides escaliers de la demeure.
Atelier de fabrication d’onigiris
Lorsque les CIR sont revenus dans la cuisine après avoir achevé la visite de cette belle demeure, tout était prêt pour commencer la confection des onigiris.
Non seulement les ingrédients pour fabriquer des onigiris pour une personne étaient joliment disposés sur un plateau mais il y avait aussi de quoi les décorer.
Les CIR ont été surpris car ils pensaient qu’ils allaient seulement faire des boules avec du riz blanc et ils n’ont pas pu cacher leur enthousiasme en pensant à ce qu’ils allaient pouvoir faire avec ces éléments décoratifs.
Il y avait 6 ingrédients différents pour les onigiris : de la bonite séchée, des miettes de saumon, un mélange de shiso (feuilles de périlla) et d’algues de kombu, du radis mariné et de la confiture de prune japonaise umé. Ils ont été sélectionnés avec soin pour pouvoir découvrir plusieurs goûts différents dans un même onigiri.
Les participants ont fabriqué les onigiris selon leur goût en intégrant les ingrédients de leur choix tout en suivant les directives des membres de l’équipe.
« Il est bien réussi dis donc ! »
« Ça rend vraiment bien ! »
Encouragés par les compliments du personnel, les CIR ont tous confectionné des onigiris qui leur correspondaient.
Lorsqu’ils eurent fini leurs généreux onigiris avec leurs 3 angles bien formés, ils commencèrent à les décorer.
Ils enveloppèrent les onigiris avec des feuilles d’aspidistre élevée, les attachèrent avec de la ficelle, décorèrent le nœud avec des feuilles de lierre et des baies de bambou sacré et c’était enfin terminé !
Voilà des onigiris vraiment uniques ! A ce moment-là, ils pensaient que c’était vraiment la fin de l'expérience mais ce n’était pas le cas. Ils ont ensuite emballé l’onigiri déjà décoré avec une sorte de mouchoir en tissu puis ont rajouté une sangle en cuir et...ils ont fait un super mignon « sac à onigiri ».
Avec cette idée bien pensée, les sourires ont illuminé les visages des participants.
« Comme vous vous êtes donné du mal pour préparer ces onigiris, on a pensé que le meilleur moyen de les déguster c’était en extérieur comme si on faisait un pique-nique.
Les membres de l’équipe sont toujours aux petits soins et se plient en quatre pour faire plaisir aux participants comme cette élégante mise en scène d’un repas champêtre.
Vient enfin l’heure du déjeuner tant attendu et ils se rendent tous dans le jardin avec leur sac à onigiri et leur gourde remplie de thé aux plantes sauvages.
« Bon appétit ! »
Finalement, l’onigiri qu’ils ont fait de leurs propres mains en y mettant du temps et des efforts tout au long de la fabrication, a un goût vraiment exceptionnel.
Un des participants dit avec un large sourire :
“C’est vraiment délicieux !”
Les coordinateurs des relations internationales venus de tous pays discutent chaleureusement et leurs voix retentissent dans le jardin chauffé par les rayons du soleil d’une fin d’automne.
Visite guidée de « la galerie Ryūgenji Mabu » de la mine d’argent d’Iwami Ginzan
C’est le ventre plein de leurs délicieux onigiris que les CIR partent pour une visite guidée de la galerie Ryūgenji Mabu de la mine d’argent d’Iwami Ginzan, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le nom de cette visite organisée est « one coin guide » (visite guidée pour une pièce de monnaie) et comme son nom l’indique en payant avec seulement une pièce (500 yens, environs 3,50€), un guide expert vous accompagne lors d’une relaxante promenade à pied dans la ville d’Ōmori jusqu’aux puits de mine dont l’aller seul prend 90 minutes.
Les guides sont des bénévoles locaux qui souhaitent soutenir leur région. Tous les guides ont une grande connaissance de l’histoire de la mine d’argent d’Iwami Ginzan et possèdent toutes les informations relatives à la ville d’Ōmori. Ils sont appréciés car ils ont la réputation d’être non seulement très aimables mais aussi de proposer des visites vraiment instructives.
Des guides connaisseurs dont on ne se lasse pas d’écouter les explications
Ce jour-là, les participants ont été divisés en 2 groupes avec un guide pour accompagner chaque groupe lors de la visite. Ils sont partis de la Maison de la famille Kumagai et se sont dirigés en direction des puits de mine en traversant la ville d’Ōmori.
Le guide explique :
« Vous avez remarqué ? Il n’y a pas de lignes électriques visibles dans la ville d’Ōmori. C’est parce qu’on a fait exprès de les enterrer sous les routes pour préserver le paysage d’antan. »
C’est vrai que si on regarde bien, il n’y a aucune ligne électrique au-dessus de cette ville.
Et ce n’est pas tout, les distributeurs automatiques, les unités extérieures des climatisations, etc...Toutes ces machines modernes sont cachées par du bois. Cette proposition à été faite à l’initiative des habitants et chacun s’en occupe individuellement pour protéger les paysages anciens de la ville.
On voit partout dans la ville d’Ōmori que les habitants ont à cœur de fournir de sérieux efforts : « On veut protéger cette ville qui a une histoire.
Il était surprenant de constater que le long du parcours qui menait aux galeries, à chaque fois qu’ils passaient devant un lieu d’intérêt, la guide continuait à leur fournir des explications dignes d’un guide chevronné.
Par exemple, la conversation s’est portée sur l’histoire de la crèche de la ville d’Ōmori et le fait que la ville entière est concernée par l’éducation des enfants.
On a aussi parlé de la limite des véhicules qui peuvent y circuler pour protéger des émissions de gaz le précieux écosystème de la ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO,
Le guide a aussi transmis à l’oral les méthodes de raffinage de l’argent à l’époque où Ginzan prospérait et que la ville de Ginzan était située en haut de la montagne.
Il est sûr que s’il on n’est pas accompagné par un guide, on va seulement louer des vélos au magasin de location et passer son chemin sans se rendre compte de l’intérêt de ce qui nous entoure.
Mais si l’on avance en écoutant le guide, la très animée ville de Ginzan qui existait il y a 500 ans en réalité ici, reprend vie. Dès que l’on commence cette visite guidée, les différentes scènes de vie se dessinent comme l’existence des miniers qui se dévouaient corps et âmes à extraire l’argent des mines au point d’en raccourcir leur vie ou encore les personnes qui chargeaient l’argent lourd sur le dos des chevaux et qui prenaient plusieurs jours pour l’acheminer jusqu’à Setouchi.
C’est pour cela que lorsque l’on fait du tourisme à la mine d’argent Iwami Ginzan, il est dit que « Le plaisir de faire du tourisme devient tout autre avec un guide. »
Les participants ont écouté avec grand intérêt les explications du début à la fin et ont pu bien en profiter tout au long de leur promenade jusqu’à Ginzan.
Le plus grand tunnel de la mine d’argent d’Iwami Ginzan « Ryūgenji Mabu »
Il y a plus ou moins 900 galeries qui ont été découvertes dans la mine d’argent d’Iwami Ginzan et la plus représentative de toutes est celle nommée « Ryūgenji Mabu ».
Elle fait au total, environ 600 mètres de long. Les 160 premiers mètres sont ouverts au public et il est actuellement possible d’y marcher.
Lorsque l’on entre dans cet étroit tunnel sombre, on peut voir nettement les traces des burins utilisés manuellement il y a très longtemps par les miniers pour creuser les veines d’argent à la surface de la roche.
En chemin, on peut observer à droite et à gauche les ramifications des galeries qui continuent à perte de vue et qui donnent l’impression de s’enfoncer dans un nid de fourmis. Ces endroits qui ont été creusés transversalement sont la preuve qu’on y trouvait des veines d’argent. On ressent l’acharnement au travail des mineurs à l’époque qui détruisaient en continue et avec persévérance les parois des roches pour collecter ne serait-ce qu’un petit peu plus d’argent.
De nos jours, on a mis en place un système pour éclairer les galeries afin de les faire visiter mais, à l’époque, elles étaient complètement dans l’obscurité et on utilisait des « rato », des coquilles de turbo dans lesquelles on versait de l’huile végétale à laquelle on mettait le feu pour créer une petite flamme sur laquelle on comptait pour continuer à creuser. On imagine que les petites cavités que l’on peut voir encore de nos jours sur les parois rocheuses étaient là où on déposait ces « rato ».
L’endroit duquel on extrait l’argent est hostile, l'oxygène est rare dans les étroites galeries sombres et on ne sait pas quand des rochers vont s’ébouler, c’est un travail durant lequel on côtoie la mort constamment. C’est pour cela qu’à Ginzan, lorsque les hommes atteignaient l’âge de 30 ans, on célébrait leur « longue vie » comme un événement.
En continuant à penser aux mineurs de l’époque qui creusaient en continue à Ginzan en risquant leur vie, les participants s’enfonçaient de plus en plus en profondeur dans le tunnel jusqu’à arriver à une nouvelle galerie plus grande et plus lumineuse qui conduisait à la sortie.
On ne saurait dire pourquoi mais ce fut un moment de soulagement.
Une visite dont on profite beaucoup plus avec un guide
Nous avons demandé ses impressions à une participante vietnamienne qui est venue dans notre département en tant que CIR :
« Dans les galeries que l’on a vu en dernier, quand on pense qu’il n’y avait pas de machines et que les personnes devaient avancer et creuser de tels trous à la main, c’est vraiment impressionnant. »
« En fait, je suis déjà venue visiter la galerie Ryūgenji Mabu mais sans guide. Cette fois-là je me suis perdue parce que je ne savais pas où je devais aller et je n’ai pas pu en profiter comme il fallait. Aujourd’hui, grâce au guide j’ai appris beaucoup de choses et j’ai pu profiter pleinement de ma visite jusqu’au bout. »
Le plus surprenant, c’était que parmi les participants de la visite, la personne qui était la plus en forme jusqu’au bout était, sans aucun doute, la guide qui était aussi la personne la plus âgée. Elle n’a montré aucun signe de fatigue et du début à la fin et elle nous a parlé de manière dynamique des merveilles de la ville d’Ōmori.
A la fin, elle les a gratifié d’un énorme sourire et leur a dit avec entrain et en les saluant de la main :
« J’espère qu’on se reverra bientôt ! »
Et ce fut la fin de la visite.